Dieter Wolke: La société ne fait que prendre conscience de la gravité du harcèlement.

LES EFFETS À LONG TERME DU HARCÈLEMENT

Dieter Wolke : « Des impacts importants sur le développement ont été ignorés »

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La moitié des enfants souffrent en silence. Si leurs parents sont très sévères, ils n’osent pas en parler. Et si leurs parents sont surprotecteurs, ils ne leur en parlent pas parce qu’ils savent que les répercussions seront terribles. Il est extrêmement important pour eux qu’ils parlent à quelqu’un, que ce soit un parent, un enseignant ou même un pédopsychiatre.

Le harcèlement constitue une menace sous-estimée pour la santé mentale. Et le restera tant que les thérapeutes ne comprendront pas ce qui motivent les harceleurs et pourquoi les victimes gardent le silence. Le professeur Dieter Wolke (Université de Warwick, Royaume-Uni) effectue des recherches sur le sujet. En tant qu’orateur principal lors du congrès de l’ESCAP 2017, il a expliqué la gravité du harcèlement, détaillera les différences au niveau de l’impact émotionnel entre les victimes pures et les victimes de harcèlement, présentera les différents biais cognitifs et montrera comment le problème peut être traité à l’aide d’interventions.

Dieter Wolke : « J’ai démarré ces recherches sans trop en attendre. Mais plus j’avançais et plus j’étais stupéfait par l’impact que peut avoir le harcèlement. »

Il semblerait que, pendant longtemps, le harcèlement n’a pas été pris au sérieux. Avez-vous une explication à cela ?
« Pas moins de 25 % des enfants sont confrontés à une forme de harcèlement. Mais les gens disent encore : « Oh, mais si cela se produit si souvent, c’est qu’il s’agit de quelque chose de normal. Les enfants ne sont pas tendres entre eux, il n’est pas nécessaire de gérer le problème de quelque manière que ce soit ». En d’autres termes, c’est comme suggérer de ne pas traiter 20 à 50 % de la population qui souffrira à un moment donné de sa vie d’une fracture... En quoi la prévalence d’un problème peut être un motif pour ne pas traiter les personnes en souffrant ? »
« Nous n’en sommes qu’au début de la prise de conscience de l’importance du problème. Lorsque nous demandons des subventions, on nous renvoie toujours d’un service à un autre et nous avons été éconduits plus d’une fois. Les gens ne savent pas s’il s’agit d’un problème d’ordre médical, scolaire ou éducatif. Le fait que le problème relève de la pédopsychiatrie, de l’éducation, de la médecine générale ou de la psychologie n’est cependant pas un élément très pertinent. Ce problème affecte la vie des enfants dans de nombreux domaines de fonctionnement et de nombreux professionnels sont impliqués. Je préfère regarder les faits et aider ces enfants. La première chose que nous devons faire, c’est de clarifier sans équivoque le fait que le harcèlement est un problème d’importance. »

Relations avec les pairs
Le titre de votre conférence d’ouverture souligne l’importance des pairs et des frères et sœurs. En quoi cela est-il pertinent pour un pédopsychiatre ou un psychologue de connaître les relations de ses patients avec leurs pairs ?
« Il y a environ trente ans, la recherche portait uniquement sur l’éducation et l’influence de l’éducation sur le développement des enfants. Lors de mes premières recherches, nous nous sommes intéressés à des enfants très difficiles (qui pleuraient beaucoup, qui ne dormaient pas, etc.). Nous avons alors découvert que les parents pensent très souvent pouvoir éduquer leurs enfants et les changer de manière radicale. De nombreux recherches génétiques et autres ont soulevé la question suivante : Comment est-il possible que des enfants d’une même famille puissent être si différents alors qu’ils ont les mêmes parents ? Dans les années 1990, nous avons commencé nos recherches sur le harcèlement, d’abord en Allemagne, puis en Grande-Bretagne. Ce que j’ai trouvé fascinant, en tant que psychologue développemental intéressé par la psychopathologie développementale, fut le fait que lorsque les enfants atteignent l’âge de 18 ans, ils ont passé bien plus de temps avec leurs pairs qu’avec leurs parents. De la maternelle à l’université, les jeunes personnes qui les entourent les influencent autant que leurs parents. Michael Rutter et Barbara Maughan ont rédigé l’ouvrage Fifteen Thousand Hours, consacré à cet aspect des impacts sur l’éducation. J’ai trouvé cela relativement étonnant de constater que, dans le domaine de la psychopathologie, les relations avec les pairs sont plus ou moins ignorées dans les recherches. De plus, nous avons déterminé que des médecins, des médecins généralistes et même des psychiatres qui interviennent auprès d’enfants et d’adolescents ne demandent jamais, lorsqu’un enfant vient les consulter pour un mal de tête ou de ventre ou un problème psychologique, quelles sont ses relations avec ses frères et sœurs ou les autres enfants à l’école. »

Trois groupes
Les professionnels de la santé mentale ont donc sous-estimé l’importance de bonnes relations avec les pairs ?
« Oui, cela n’a pas vraiment été pris en compte. Des recherches ont été effectuées concernant les pairs antisociaux dans le cadre des troubles du comportement. Les facteurs familiaux ont été étudiés en relation avec la délinquance, les groupes et les bandes. Mais les harceleurs ne souffrent pas nécessairement de troubles du comportement. Nous établissons une distinction entre trois différents groupes en matière de harcèlement. Il y d’abord les harceleurs purs qui sont dominants et disposent d’un statut social élevé. Tout le monde les connaît à l’école, ils sont à la fois craints et considérés comme cool. Nous avons ensuite les victimes qui ne harcèlent pas et sont juste persécutées. Il y a ensuite un troisième groupe, les victimes de harceleurs, pour qui les répercussions psychiatriques sont les pires. Il s’agit d’enfants persécutés qui tentent de harceler d’autres enfants, sans succès. Ils connaissent un échec social permanent. Les enfants appartenant à cette catégorie agissent généralement sur les ordres du harceleur dominant, qui fait office de leader. Les autres enfants reconnaissent la position sociale inférieure de la victime de harceleur et peuvent également se mettre à la persécuter. »

Recherches pionnières
« Dans d’autres domaines, tels que l’éducation, des recherches ont été effectuées concernant l’apprentissage des pairs et les relations au sein de groupes, par exemple. Si l’on regarde la psychopathologie, le développement de la dépression ou de la psychose, par exemple, il n’y avait aucune mention de l’influence des pairs jusqu’à il y a 20 ans. Lorsque nous avons commencé à étudier les symptômes psychotiques, les principaux critères qui devaient être pris en compte pour obtenir des financements étaient les suivants : facteurs sociaux, statut de migration, effets prénataux et périnataux et facteurs génétiques. Nous avons cependant découvert que le harcèlement produit les effets les plus importants de toutes nos recherches en matière de développement de symptômes psychotiques. L’intérêt à l’égard des conséquences à long terme du harcèlement, en psychiatrie notamment, est un développement relativement récent. »

Gènes et éducation
Le harcèlement est le produit des pairs et des frères et sœurs. Dites-vous que la faute revient aux parents ?
« Je ne dis pas que les parents ne sont pas pertinents. La question ne se résume pas à savoir si les gènes ont leur importance ou si tout dépend de l’éducation. Les deux ont bien évidemment leur importance. Ce que je dis, c’est que, en complément de l’éducation, un domaine important d’impacts développementaux qui peut entraîner des psychopathologies a été ignoré et nous devons l’étudier. Dans le cadre de deux études menées aux États-Unis et en Grande-Bretagne, nous avons découvert que les effets du harcèlement sur l’anxiété et la dépression ou les troubles de l’humeur sont plus importants que ceux liés à des abus sexuels ou physiques. Ils sont tout au moins du même ordre et tout aussi graves. »
« L’autre partie de la réponse à cette question consiste à déterminer si le fait que les enfants deviennent des harceleurs, des victimes de harceleurs ou des victimes pures est uniquement lié aux parents. Nous avons analysé l’influence possible de l’éducation. Nous avons découvert que, lorsque les enfants vivent des expériences difficiles avec des parents abusifs, ils sont plus enclins à devenir des victimes de harceleurs ou des victimes. Cependant, ce qui est intéressant, c’est que vous êtes également plus enclin à devenir une victime pure si vos parents sont très protecteurs, phénomène appelé parents hélicoptères. Vous n’avez en effet jamais appris à gérer les conflits. Les parents gèrent alors tout. Il s’agit souvent de parents dont le monde s’écroule lorsqu’ils apprennent la réalité du harcèlement. Ils appellent l’école, les autres parents et tout le monde à nombreuses reprises pour organiser des réunions et font beaucoup de bruit. Leur intention n’est pas de faire empirer les choses, l’enfant peut cependant avoir le sentiment de devoir revivre les événements. Parce que maintenant, tout le monde est au courant... »

Le harcèlement commence souvent à la maison
« De même, la maison est souvent le lieu où commence le harcèlement : entre frères et sœurs. Si un enfant harcèle son frère ou sa sœur, il est trois fois plus enclin à harceler d’autres enfants à l’école. Il s’agit d’un comportement appris. Et si vous êtes une victime, vous êtes comme prisonnier : vous êtes harcelé à l’école et chez vous, 24 heures sur 24. Il n’y a aucun lieu sûr pour vous. Les parents peuvent donc agir à la maison. »

Et l’autre côté, ce sont les gènes, les caractéristiques de l’enfant ?
« Oui. Un harceleur qui arrive dans une nouvelle classe ne saura pas à l’avance qui deviendra sa victime. Il tentera de harceler chaque enfant. Et il s’attardera sur ceux qui le fuient et sont bouleversés, qui se mettent à pleurer. Il déterminera si ces enfants ont des amis susceptibles de les aider. Dans le cas contraire, les enfants deviennent des cibles faciles dont on n’attend pas qu’elles se rebellent. Les caractéristiques individuelles des enfants sont donc des facteurs importants lorsqu’il s’agit de déterminer qui devient une victime. Ce sont notamment les caractéristiques psychologiques qui sont importantes, telles que la vulnérabilité, l’émotivité ou le manque de compétences sociales. Les caractéristiques physiques ont beaucoup moins d’importance que l’on ne le pense souvent. Cela peut avoir de l’importance pour les garçons plus petits et moins forts physiquement. De même, les adolescentes plus jolies sont plus susceptibles d’être exclues. Cependant, si les caractéristiques individuelles importent, nous ne devons pas en déduire que les victimes sont responsables. Tous les enfants ont le droit de grandir dans un environnement sûr. »

Rejet des pairs
Considérez-vous le rejet des pairs comme une forme de harcèlement ?
« Le harcèlement est un abus de pouvoir effectué de manière répétée et dans le but de nuire. Telle est la définition du harcèlement. Tous les enfants prennent part à des conflits, ce qui est une bonne chose, cela leur apprend en effet à négocier. Les enfants victimes de harcèlement le sont cependant toutes les semaines, souvent plusieurs fois par semaine. Le harcèlement peut être verbal ou physique. Il peut s’agir de chantage. Il peut également être relationnel, ce qui est légèrement plus courant chez les filles, via l’exclusion sociale en répandant des rumeurs, en n’incluant pas un enfant dans des activités ou en jouant de vilains tours, par exemple. Les comportements dont l’objectif est de rejeter un pair s’intègrent donc dans la définition du harcèlement. Dans le cadre de la littérature consacrée au développement de l’enfant, le rejet des pairs est généralement mesuré par la désignation des pairs dans la classe et les mesures sont normalisées dans le classe pour définir qui est rejeté et qui ne l’est pas. Le harcèlement est au contraire défini par le comportement et la fréquence à laquelle il survient. Il est ainsi possible de comparer les taux de harcèlement entre les classes, les écoles et mêmes les pays, contrairement aux mesures de rejet des pairs, qui sont normalisées au sein de chaque classe. »

À quel point l’impact du harcèlement est-il grave ?
« Il est grave. Une enquête récente a déterminé qu’environ 16 000 enfants sont totalement déscolarisés en Grande-Bretagne pour cause de harcèlement par leurs pairs. S’intégrer est un élément extrêmement important du développement et de la vie sociale de nos enfants et une tâche essentielle de la vie. Dans le cadre de la transition vers l’âge adulte, les enfants doivent apprendre à s’entendre avec leurs pairs, leur vie en dépend. En effet, leurs parents finiront par mourir et, sans relations correctes avec leurs pairs, ils seront rejetés et solitaires. »

Troubles mentaux graves
« Le lien entre harcèlement et troubles mentaux graves est fort et il y a relativement peu de choses mises en œuvre à ce sujet. L’une de nos études démontre, par exemple, que environs 29 % des cas de dépression sont liés au harcèlement. On trouve des résultats similaires pour l’anxiété, l’automutilation, les taux de suicide et les symptômes psychotiques. Ces recherches sont bien évidemment relativement récentes, elles ont cependant été reproduites par différents chercheurs dans plusieurs pays. »
« Les effets à long terme une fois à l’âge adulte incluent également un impact sur la richesse. Les adultes ayant été harcelés enfants ont du mal à travailler en groupe. Ils finissent par quitter leur travail parce qu’ils préfèrent travailler seuls, dans des secteurs de niche. Ils rencontrent également des problèmes sociaux lorsqu’il s’agit de s’associer, de faire confiance aux autres, de travailler en équipe et de développer des amitiés basées sur la confiance en soi. »

Pouvez-vous nous en dire plus au sujet des effets spécifiques du harcèlement lors de la transition vers l’âge adulte ?
« Le harcèlement peut apparaître dès la petite enfance mais survient plus fréquemment lors de l’adolescence. Le harcèlement est en effet une question de domination et de contrôle social. Lorsque l’on monte dans la hiérarchie sociale, on a accès à des ressources. L’une de ces ressources consiste à trouver un partenaire et à avoir accès à des relations sexuelles. Par conséquent, si vous êtes un enfant, garçon ou fille, cool et puissant, vous vous associez à davantage de pairs et augmentez vos possibilités. Dans cette compétition, le harcèlement fait partie des stratégies vous permettant de vous débarrasser de la concurrence. Par exemple, pour les filles, il ne s’agit pas seulement d’augmenter votre attrait en portant du maquillage et de jolis vêtements, certaines utilisent le harcèlement comme moyen de diffamer et d’exclure les autres. En conséquence, nous avons trouvé un taux plus élevé de harcèlement relationnel dans les écoles de filles où il n’y pas de ressource « garçon » alors que d’autres recherches ont révélé que le risque de diffamation augmente lorsque les concurrentes potentielles sont jolies. »

Davantage d’inégalités, davantage de harcèlement
« Pour le harceleur pur, il n’y a quasiment aucun impact négatif à l’âge adulte. Ce qui est vraiment perturbant quand on y réfléchit, comme si la nature nous faisait comprendre qu’être un harceleur pur jamais persécuté est une bonne chose. On a découvert que, dans certaines sociétés, le harcèlement augmente en cas de manque de ressources. Ce qui est encore plus intéressant, c’est la comparaison entre les différents niveaux de statuts socio-économiques : plus l’écart entre riches et pauvres est important, plus l’on trouve de harceleurs. Je pense que la raison pour cela réside dans le fait qu’en cas de forte disparité dans les revenus, tout ce qui permet de se mettre en avant a de la valeur. Dans les pays où il y a des ressources pour chacun, le besoin de harceler est moindre. Ma présentation lors de l’ESCAP de Genève inclura une carte qui montre le contraste entre les pays scandinaves et des pays tels que la Russie, les États-Unis et la Grande-Bretagne. On observe le même mécanisme dans les écoles où les taux de harcèlement sont plus élevés ou plus stables dans les classes disposant d’une hiérarchie sociale plus clairement développée, par exemple. »

Comment apprend-on à devenir un harceleur ?
« La plupart des recherches ont été menées auprès de victimes. Nous en savons relativement peu en ce qui concerne les harceleurs purs. Ce que nous savons, c’est qu’ils sont doués en matière de reconnaissance sociale : ils identifient facilement les émotions des autres enfants et semblent comprendre le mode de fonctionnement des groupes. Ils font cependant preuve de très peu d’empathie, ne sont pas vraiment perturbés par les dilemmes moraux et il y a une forme de dureté dans leur comportement social. Nous nous sommes bien évidemment posés la question de savoir s’il s’agit de quelque chose qu’ils peuvent avoir appris à la maison. Je pense que, dans la plupart des cas, les parents n’approuvent pas le fait que leur enfant soit un harceleur. Selon moi, cela vient généralement de leurs caractéristiques individuelles, associées à un comportement qui justifie involontairement le harcèlement par l’intérêt de l’enfant à dépasser les autres. Il peut exister une frontière tenue entre le fait d’être un meneur et celui d’être un harceleur. Lorsque vous regardez les recteurs d’universités, les directeurs généraux de multinationales ou les grands banquiers, lesquels sont de bons meneurs et lesquels sont des harceleurs ? La différence peut résider dans la manière dont ils consultent les autres, font preuve d’empathie ou intègrent les opinions des autres dans leur prise de décisions. Une différence essentielle peut être que le harceleur parvient à dormir la nuit indépendamment de ce qui arrive aux autres, c’est là que la dureté entre en ligne de compte. À l’avenir, des recherches doivent être effectuées pour tenter de définir ce qui motive un harceleur pur, de manière à développer des interventions plus efficaces. »

Neuro-imagerie
« Nous n’avons pas pu identifier un motif d’activation spécifique en neuro-imagerie. Les recherches en sont cependant à leurs débuts en matière de harcèlement. La question est de savoir où nous devrions pouvoir trouver des différences : dans le système de récompenses ? Dans la reconnaissance émotionnelle ? Où se trouve la partie morale de notre cerveau où cela doit apparaître ? Cela ne fait cependant pas vraiment de différence à court terme. Je peux observer ces problèmes et les analyser sans savoir où ils surviennent dans le cerveau. Je sais que ce n’est pas dans le gros orteil, il ne s’agit cependant pas d’une condition requise pour une intervention efficace en matière de compréhension des motifs d’activation du cerveau. Cela présenterait un grand intérêt scientifique et ferait l’objet de nombreuses publications mais, pour un enseignant, l’analyse des caractéristiques et de la dynamique de classe, ainsi que des outils permettant de traiter le harcèlement sont suffisants pour procéder à des changements. »

Le changement d’école est-il une solution possible pour les victimes ?
« Certains parents changent en effet leur enfant d’école. L’enfant est cependant deux fois plus enclin à devenir de nouveau une victime. En effet, ses caractéristiques n’ont sans doute pas changé depuis les expériences précédentes. Et si vous changez d’école, le risque de harcèlement est souvent plus élevé en raison du manque d’amis. Le changement d’école peut donc être une solution, il doit cependant être bien géré. »

Cyber-harcèlement
Vous avez dit auparavant que le cyber-harcèlement (le harcèlement via les réseaux sociaux) est moins graves que certains experts ne l’ont suggéré.
« Nous venons de publier un article intitulé « Cyberbullying: a storm in a teacup ». Les effets du cyber-harcèlement sont aussi préjudiciables et graves que ceux du harcèlement dans la vie réelle. La question est cependant de savoir s’il crée un grand nombre de nouvelles victimes ou s’il s’agit essentiellement d’une nouvelle arme pour les harceleurs. Le cyber-harcèlement est un sujet repris par tous les médias et qui inquiète. Nous avons cependant découvert, au même titre qu’un certain nombre d’autres études récentes, qu’il ne crée que quelques nouvelles victimes. Nous avons déterminé que plus de 85 % du harcèlement a toujours lieu dans la vraie vie. Il s’agit de harcèlement physique, verbal ou relationnel. Le cyber-harcèlement est essentiellement un autre outil utilisé pour nuire à ceux qui sont déjà persécutés dans la vraie vie. Le harcèlement est une question de puissance et de domination. Le harceleur a donc peu à gagner à nuire à un étranger se trouvant dans une autre région ou un autre pays. Le cyber-harcèlement est essentiellement axé sur les personnes déjà persécutées, à l’échelle locale. Toutefois, le fait d’être également la cible de harceleurs sur les réseaux sociaux est extrêmement nuisible et peut faire basculer la victime : venir à l’école, s’apercevoir que tout le monde a vu des messages méchants ou des photos embarrassantes et devoir supporter les ricanements. Cela permet aux harceleurs d’atteindre leurs victimes en permanence. Nous devons donc prendre le cyber-harcèlement très au sérieux. »

Dieter Wolke biograhie

Le professeur Dieter Wolke a étudié à l’Université de Kiel (Allemagne) et a obtenu son doctorat à la Faculté de sciences de l’Université de Londres. Il a travaillé dans différents collèges au sein de l’Université de Londres (the Institute of Education, King’s College, the UCL Great Ormond Street Institute of Child Health, the Hospital for Sick Children) et pour les Universités de Munich, Hertfordshire (chaire) et Bristol (chaire en psychologie du développement vie entière et directeur adjoint de l’Avon Longitudinal Study of Parents and Children ou ALSPAC). Avant de rejoindre l’Université de Warwick, il fut professeur invité à l’Université de Zurich et directeur scientifique de la Jacobs Foundation de Zurich (2004–2006). Il enseigne actuellement la psychologie du développement et les différences individuelles au sein du département de psychologie (faculté de sciences) de l’Université de Warwick et dans une partie du service de bien-être et santé mentale (Warwick Medical School). Il est également directeur du Lifespan Health and Wellbeing Research Stream du département de psychologie. En 2014, il a obtenu un doctorat honoris causa de la faculté de psychologie de l’Université de la Ruhr à Bochum pour sa contribution à la psychologie.
La plupart de ses recherches sont interdisciplinaires (associant psychologie et sciences sociales et médicales), longitudinales et axées sur le domaine de la psychopathologie du développement. Ses principaux domaines de recherche sont les suivants :

  1. Persécution des pairs ou des frères et sœurs (harcèlement) : précurseurs, conséquences et interventions
  2. Problèmes de maîtrise précoces dans la petite enfance et conséquences à long terme
  3. Impact de la prématurité sur le développement du cerveau, le développement psychologique et la qualité de vie

Il travaille sur toute une série d’études au Royaume-Uni et en Allemagne, dont des études de suivi avec la cohorte ALSPAC, l’EPICure Study, la Bavarian Longitudinal Study et la UK Household Longitudinal Study (Understanding Society), qui est, avec le recueil des données de 100 000 personnes, la plus grande étude longitudinale par panel au monde et qui est spécialement axée sur les biomarqueurs. Dieter Wolke a publié plus de 250 articles dans des revues de premier ordre et fait partie du comité de rédaction d’un certain nombre de revues et de plusieurs commissions consultatives scientifiques.
(source : programme EPSY 2015)

THE LANCET PSYCHIATRY
LA SÉRIE SUR LE HARCÈLEMENT

The Lancet Psychiatry on Bullying
En savoir plus à propos du harcèlement:  The Lancet Psychiatry Series and Editorial on childhood and bullying.

Publications

Parmi les publications de Dieter Wolke consacrées au harcèlement :

Young people who are being bullied - do they want general practice support?
Scott E, Dale J, Russell R, Wolke D.
BMC Fam Pract. 2016 Aug 22;17(1):116. doi: 10.1186/s12875-016-0517-9.

Bullying in the family: sibling bullying.
Wolke D, Tippett N, Dantchev S.
Lancet Psychiatry. 2015 Oct;2(10):917-29. doi: 10.1016/S2215-0366(15)00262-X.

Adult mental health consequences of peer bullying and maltreatment in childhood: two cohorts in two countries.
Lereya ST, Copeland WE, Costello EJ, Wolke D.
Lancet Psychiatry. 2015 Jun;2(6):524-31. doi: 10.1016/S2215-0366(15)00165-0.

Does childhood bullying predict eating disorder symptoms? A prospective, longitudinal analysis.
Copeland WE, Bulik CM, Zucker N, Wolke D, Lereya ST, Costello EJ.
Int J Eat Disord. 2015 Dec;48(8):1141-9. doi: 10.1002/eat.22459.

Bully/victims: a longitudinal, population-based cohort study of their mental health.
Lereya ST, Copeland WE, Zammit S, Wolke D.
Eur Child Adolesc Psychiatry. 2015 Dec;24(12):1461-71. doi: 10.1007/s00787-015-0705-5.

Bullying of preterm children and emotional problems at school age: cross-culturally invariant effects.
Wolke D, Baumann N, Strauss V, Johnson S, Marlow N.
J Pediatr. 2015 Jun;166(6):1417-22. doi: 10.1016/j.jpeds.2015.02.055.

Long-term effects of bullying.
Wolke D, Lereya ST.
Arch Dis Child. 2015 Sep;100(9):879-85. doi: 10.1136/archdischild-2014-306667.

Sibling bullying and risk of depression, anxiety, and self-harm: a prospective cohort study.
Bowes L, Wolke D, Joinson C, Lereya ST, Lewis G.
Pediatrics. 2014 Oct;134(4):e1032-9. doi: 10.1542/peds.2014-0832.

Bullying and parasomnias: a longitudinal cohort study.
Wolke D, Lereya ST.
Pediatrics. 2014 Oct;134(4):e1040-8. doi: 10.1542/peds.2014-1295.

Aggression between siblings: Associations with the home environment and peer bullying.
Tippett N, Wolke D.
Aggress Behav. 2015 Jan;41(1):14-24. doi: 10.1002/ab.21557.

Body-esteem of pupils who attended single-sex versus mixed-sex schools: a cross-sectional study of intrasexual competition and peer victimization.
Lereya ST, Eryigit-Madzwamuse S, Patra C, Smith JH, Wolke D.
J Adolesc. 2014 Oct;37(7):1109-19. doi: 10.1016/j.adolescence.2014.08.005.

Socioeconomic status and bullying: a meta-analysis.
Tippett N, Wolke D.
Am J Public Health. 2014 Jun;104(6):e48-59. doi: 10.2105/AJPH.2014.301960.